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Dorothea Lange : Icone de la Photographie Documentaire

Dorothéa Lange sur sa voiture avec sa caméraPhotographe documentaire renommée, Dorothéa Lange a sillonné les États-Unis pour aller à la rencontre des américains frappés par les différentes crises sociales que ce pays a connu durant le siècle dernier. De la grande dépression à l’isolement forcé des populations d’origine japonaise en 1942 elle témoignera des conditions de vie déplorables de certains de ses compatriotes. Aujourd’hui, à l’heure où les décisions de l’administration Trump ont un impacts direct sur les conditions de vie de milliers voir millions d’américains, il m’a semblé intéressant de vous parler du travail de Dorothéa Lange qui a profondément marqué la photographie sociale.

Une jeunesse marquée par l’adversité

Née Dorothea Margaretta Nutzhorn le 26 mai 1895 à Hoboken, New Jersey, Lange fut confrontée très tôt à des épreuves qui façonnèrent son regard sur le monde. À sept ans, elle contracte la poliomyélite, ce qui la fera boiter toute sa vie. Cinq ans plus tard, son père abandonne la famille, poussant sa mère à déménager dans un quartier modeste de New York. De ces difficultés, Dorothéa Lange développa une profonde empathie pour les personnes en détresse qu’elle appelait les « blessés ambulants » .

Camp de Marysville (Californie) pour migrants. Septembre 1935

Les débuts dans la photographie

À 18 ans, elle décide de devenir photographe et s’inscrit à l’université de Columbia pour suivre les cours de Clarence White.  Une fois ses études terminées et après avoir assisté de nombreux photographe, Dorothéa s’installe à San Francisco en 1918 et ouvre son studio de portrait. Elle change son nom pour Lange et se fonde une bonne réputation comme portraitiste. 11 années plus tard, la crise économique de 1929 bouleverse sa carrière. Témoin des manifestations et des grèves qui secouent la ville, elle tourne son objectif vers la rue et commence à capturer la réalité brutale de la grande dépression.

Un style affirmé

Lange est reconnue pour sa capacité à humaniser des situations. Sa grande empathie lui permet de réaliser des portraits intimes et sincères. Son art du cadrage dirige le regard du spectateur dans l’image favorisant ainsi la transmission de messages puissants et sans ambiguïté sur ses sujets . Son approche consiste alors à établir une connexion avec eux. Elle engage simplement des conversations pour mieux comprendre leur situation. Cette approche pleine d’humanité se traduit par des images empreintes de dignité et d’émotion.

Réfugiés de la sécheresse de l’Oklahoma, Blythe, Californie, 17 août 1936

Témoigner de l’exil et de la migration

L’une des contributions les plus significatives de Dorothéa Lange est certainement son témoignage sur l’exil et la migration des populations. Engagée par la Farm Security Administration (FSA) dans les années 1930, elle documente la vie des travailleurs migrants, des fermiers déplacés et des réfugiés du Dust Bowl. Ses photographies révèlent les conditions de vie précaires et les luttes quotidiennes de ces populations pour vivre. Son travail de témoignage va rapidement attirer l’attention du public et des autorités sur leur sort.

« Migrant Mother » : une icône de la Grande Dépression

Parmi ses œuvres les plus célèbres figure « Migrant Mother », prise en 1936 à Nipomo, Californie. Cette image montre Florence Owens Thompson, une mère de sept enfants, le visage marqué par l’inquiétude, symbolisant la détresse des travailleurs migrants pendant la Dépression . Cette photographie est devenue une représentation emblématique de cette époque, illustrant la souffrance mais aussi la résilience des personnes affectées.

Florence Owens Thompson, Mère migrante, Nipomo, Californie, Mars 1936

Les camps d’internement japonais-américains

Pendant la Seconde Guerre mondiale, Dorothéa est mandatée par le gouvernement américain pour documenter l’internement des citoyens japonais-américains. Ses photographies dévoilent les conditions difficiles et les injustices subies par ces communautés. Censurées à l’époque, ces images ne seront diffusées que des décennies plus tard, mettant en lumière une période sombre de l’histoire américaine.

Internés américains Tanforan Assembly Center, San Bruno, Californie, Avril 1942

Un héritage durable

Dorothea Lange meurt d’un cancer le 11 octobre 1965 à San Francisco. Son héritage continuent d’influencer les générations de photographes documentaires. Son engagement à révéler les réalités sociales et à donner une voix aux marginalisés demeure une source d’inspiration pour ceux qui cherchent à utiliser la photographie comme un outil de changement social.

Aujourd’hui, les images de Dorothéa Lange sonnent comme un rappel sur la fragilité de nos sociétés. Elles témoignent de ce que la pauvreté, le déclassement social et la discrimination peuvent engendrer.

Livres consacrés à Dorothea Lange

Dorothea Lange Book One

Le travail documentaire de Dorothea Lange dans les années 1930 et 1940 a établi une référence en photographie. Dans ce livre, ses photographies sont présentées avec contexte et détails, dans le format d'essai photographique de la Farm Security Administration.

Dorothea Lange: Book Two

Ce livre retrace les missions de Lange, des Rocheuses à la côte Est. Les photographies sont présentées sous forme d'essais photographiques, accompagnés de légendes détaillées, de cartes contextuelles et de notes de Lange sur l'état actuel de ces lieux.

Dorothea Lange, Walker Evans & les photographes de la grande dépression

Revivez l'Amérique des années 1930 à travers les lentilles de Walker Evans et Dorothea Lange, qui ont su capturer l'essence de La Grande Dépression et redéfinir la photographie documentaire.