Lourdes 2025 — Quand la moto devient prière : reportage photo sur un pèlerinage unique
Chaque année, vers la mi-juin, l’Union Motocycliste des Pyrénées organise son pèlerinage à Lourdes. En 2025, la 33ᵉ édition s’est tenue les 14 et 15 juin, rassemblant des motards venus de toute la France. De passage dans ma région natale, j’ai saisi l’occasion de réaliser un reportage photo au cœur de cet évènement religieux et social hors du commun, où la passion pour la moto se mêle à la foi.
<h3″>Un pèlerinage sous la pluie pyrénéenne
En arrivant aux Sanctuaires de Lourdes, un ciel gris et pluvieux m’accueille. Ici, la pluie semble faire partie de la tradition. Il est 10 h lorsque je pénètre dans l’église Sainte-Bernadette, située en face de la grotte, de l’autre côté du gave. Ce n’est pas l’édifice principal, mais une église plus intime, pourtant comble.
Des bikers en blousons de cuir cloutés, arborant fièrement l’emblème de leur club, côtoient des motards plus “classiques” venus prier la Vierge Marie pour un proche disparu ou pour leur propre protection.
Entre cuir et recueillement
Le contraste est saisissant : les casques posés au pied des bancs serviront plus tard pour la quête, les blousons de cuir voisinent avec les chasubles. À l’autel, le père Don Nicolas Benedetto, surnommé “Padré Nicolas”, célèbre la messe avec chaleur et humour, brisant l’image traditionnelle du
prêtre austère. Il confie ne pas connaître le monde de la moto, mais raconte comment il a tenté de comprendre en… trottinette électrique, déclenchant des rires complices dans l’assemblée.
La procession en Can-Am Spyder
En sortant de l’église, j’aperçois un Can-Am Spyder prêt à ouvrir la procession vers la grotte de Massabielle avec le cierge des motards. Derrière, quatre hommes portent la statue de la Vierge Marie. La marche débute, parcourant les centaines de mètres jusqu’à la grotte.
La chorale gospel qui animait la messe entonne un chant tandis qu’un prêtre allume le cierge. Parmi les officiels présents : le maire de Lourdes Thierry Lavit, la conseillère départementale Marie Plane et le président de l’Union Motocycliste Pyrénéenne Stéphane Peyras. Ce pèlerinage est autant un évènement communautaire qu’un temps de recueillement.
La bénédiction des équipages
Moment fort du week-end : la bénédiction des motos et des pilotes devant la Porte Saint-Michel. À l’aide de rameaux d’olivier et d’eau de Lourdes, chaque équipage reçoit la protection symbolique. Même les enfants et leurs petites motos sont bénis.
Pour Tony, motard toulousain non croyant, ce geste a une signification pratique : “Éviter la panne, l’accident, ou que la moto tombe.” Après la bénédiction, les moteurs rugissent devant les spectateurs massés le long de la route.
Un lien qui dépasse les croyances
Ce pèlerinage accueille tout le monde : croyants fervents, passionnés de deux-roues, curieux de passage. Comme le résume Padré Nicolas : « La route, c’est un chemin. Et sur ce chemin, il faut savoir rouler ensemble. »
Au-delà de la dimension religieuse, c’est un moment social fort, où la moto devient symbole d’unité et d’amitié. La bénédiction devient un geste fraternel, la procession un hommage, la messe un lieu de rencontre.
En repartant, je réalise que ce pèlerinage est bien plus qu’un rituel religieux : c’est la preuve vivante qu’un reportage photographique peut capturer la force d’un évènement où passion et spiritualité roulent ensemble.
